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04 May 23 | 4 min read

Réseau Action Climat et le futur du ciment

Réseau Action Climat et le futur du ciment
Ecocem France/ Réseau Action Climat
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Jean-Christophe Trassard, directeur du marketing pour l’innovation durable chez Ecocem, co-signe, avec Morgane Créach, directrice générale du Réseau Action Climat, un appel à des recommandations claires pour soutenir l’avenir de l’industrie cimentière.

La première échéance de l’Accord de Paris approche à grands pas. Si l’industrie du ciment veut atteindre l’objectif d’une réduction de 50 % de ses émissions carbone d’ici 2030, puis de la neutralité carbone d’ici 2050, le secteur (responsable de plus de 7 % des émissions mondiales) doit faire preuve de plus d’ambition et de dynamisme. La décarbonation du béton, le deuxième matériau le plus utilisé au monde, n’est pas un défi facile à relever, mais nous pourrons y parvenir si les différents acteurs industriels et gouvernementaux collaborent sur des objectifs précis. Pour ce faire, nous devons nous attaquer à quatre domaines clés :

Revoir la feuille de route pour la décarbonation du ciment 

Selon le récent rapport du GIEC (mars 2023), parvenir à la neutralité carbone d’ici à 2050 nécessite une action climatique drastique pour faire baisser les niveaux actuels d’émission carbone. Sur ce point, l’industrie cimentière a quelques motifs d’inquiétude :  ses émissions carbones n’ont baissé que de 15 % par rapport aux niveaux de 1990, et les leviers de réduction des émissions à court terme sont presque épuisés, ce qui laisse présager une réduction supplémentaire de seulement 15 % entre 2017 et 2030. Concrètement, cela signifie que l’industrie est en passe de réduire ses émissions de moins de 30 % seulement – loin de l’objectif demandé par le GIEC.

Le principal obstacle à la décarbonation de l’industrie du ciment réside dans le clinker, ingrédient essentiel du ciment traditionnel. Le clinker est produit en brûlant du calcaire à 1 450 °C – processus générant à lui seul plus de 90 % des émissions de CO2 de l’industrie du ciment.

Pour rectifier sa feuille de route actuelle, l’industrie du ciment doit s’aligner d’urgence sur le Pacte Vert européen, présenté par Ursula von der Leyen en janvier 2020, et sur l’Accord de Paris. En la matière, l’exemple à suivre est celui du gouvernement français, qui a imposé à l’industrie du ciment une date limite de fin mai 2023 pour la conception d’une nouvelle feuille de route plus ambitieuse pour 2030 et 2050.

Faire évoluer les normes réglementaires plus rapidement

L’un des principaux obstacles à la mise en œuvre à grande échelle d’innovation en matière de production de ciment bas carbone est le cadre réglementaire actuel, qui n’est pas adapté et qui ralentit la mise sur le marché des ciments bas carbone. La révision et la mise en œuvre de nouvelles normes peuvent parfois prendre plus d’une décennie – un délai dont la planète ne dispose pas. A titre d’exemple, la dernière norme sur le ciment (NF EN197-5) a attendu 12 ans avant d’être adoptée en France en 2022.

Les normes relatives au ciment et au béton doivent impérativement évoluer plus rapidement, de façon à répondre aux exigences européennes et afin de mettre sur le marché de nouveaux produits et solutions techniquement efficaces et structurellement sûrs. Ce n’est qu’à cette condition que nous pourrons espérer atteindre les objectifs de réduction des émissions de carbone en temps voulu.

Canaliser les financements publics vers des options bas carbone

Le soutien gouvernemental est essentiel pour aider l’industrie du ciment à se décarboner. Ce soutien permet à l’industrie d’accéder à des ressources financières indispensables à l’accélération du développement de nouveaux produits et technologies à base de ciment bas carbone.

Les financements versés par chaque pays européen seront non seulement indispensables pour permettre aux entreprises européennes de s’aligner sur l’objectif du Pacte Vert, mais ils renforceront également l’avantage concurrentiel de l’Europe en matière d’investissement dans des technologies propres. Toutefois, pour atteindre ces objectifs, les financements devront être octroyés à un éventail de projets et solutions divers, plutôt que de se concentrer sur le captage et stockage du carbone (Carbon Capture and Storage – CCS), comme c’est le cas actuellement.

Il existe déjà des solutions cimentières propres, prêtes à l’emploi et évolutives. Elles peuvent accélérer la réduction des émissions carbone de l’industrie de plusieurs dizaines de millions de tonnes de plus que les engagements actuels pour 2030, tout en économisant des dizaines de milliards d’euros sur l’argent des contribuables de l’UE. 

Promouvoir activement l’innovation bas carbone

Au-delà du financement et de la réglementation, les solutions bas carbone existantes ne sont pas suffisamment promues dans les marchés publics. Pourtant, l’inclusion de clauses environnementales ambitieuses dans les marchés publics serait une incitation considérable au déploiement rapide de ciments alternatifs bas carbone. En complément, une éducation rigoureuse sur la valeur et la disponibilité des solutions de ciment bas carbone auprès de la chaîne de valeur permettra de garantir une plus grande compréhension et utilisation de ces produits innovants.

Le gouvernement irlandais a déjà ouvert la voie avec le Plan d’Action pour le Climat récemment publié, qui promeut activement le ciment bas carbone en tant que solution pragmatique pour décarboner rapidement le secteur de la construction.

La course à la décarbonation de l’industrie du ciment nécessite un éventail de solutions. Ce n’est qu’en collaborant étroitement que les acteurs de l’industrie, les gouvernements et les organismes de réglementation pourront atteindre les objectifs nécessaires pour réduire les émissions carbone de l’industrie cimentière de 50 % d’ici à 2030 et atteindre la neutralité carbone d’ici à 2050. Ensemble, nous pouvons créer un avenir plus durable pour tous.

 

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