Réflexions sur le Sommet Breakthrough Energy 2024
Réflexions sur le récent Sommet Breakthrough Energy auquel j’ai assisté à Londres.
J’ai été très impressionné par les énormes progrès réalisés dans les technologies de décarbonation. J’ai été frappé par l’énergie et l’engagement de tous ceux que j’ai rencontrés, pour fournir des solutions évolutives capables de relever notre défi climatique rapidement. À une époque où les problèmes auxquels nous sommes confrontés peuvent sembler insurmontables, il était bon de se rappeler que la technologie dont nous avons besoin existe déjà. Bill Gates a raison : la révolution verte est en plein essor. Nous devons maintenant nous engager à apporter les changements nécessaires pour accélérer son adoption. Mon propre secteur ne fait pas exception.
J’ai pris la parole lors d’une session sur la réduction des émissions de carbone dans le secteur de la construction, et plus précisément sur les émissions incorporées et opérationnelles.
J’ai appelé les industries, les gouvernements et les décideurs politiques à travailler ensemble pour revoir à la hausse nos ambitions afin que l’industrie du ciment devienne le premier secteur industriel à respecter une trajectoire conforme à un objectif de 1,5°C. Cela nécessite une décarbonation mondiale de la fabrication de ciment de 50% d’ici 2030 (GIEC 2023).
Du Grand Paris Express au stade Aviva de Dublin, en passant par le chemin de fer à grande vitesse HS2 du Royaume-Uni, Ecocem a déjà réalisé une réduction cumulative de 18 millions de tonnes de CO2 à ce jour. Pour mettre cela en perspective, il faudrait plus de 800 millions d’arbres pour capturer cette quantité de CO2 en un an.
Soyons clairs sur l’ampleur du problème du ciment. Si l’industrie du ciment était un pays, elle serait le troisième plus grand émetteur de dioxyde de carbone sur la planète, après les États-Unis et la Chine, et bien avant l’UE. Responsable de près de 8 % des émissions mondiales de carbone, la production de ciment est reconnue comme l’une des industries les plus polluantes au monde.
Le CO2 incorporé dans la construction représente 11 % de l’ensemble des émissions mondiales. Le clinker, l’ingrédient essentiel du ciment, génère 65 % de ces émissions. En moyenne, une tonne de ciment produit 600 kg de CO2. La majeure partie de ces émissions est liée au clinker. La solution réside donc dans l’éradication autant que possible du CO2 en utilisant moins de clinker. Une décarbonation rapide et soutenue de ce secteur permettrait de faire une différence significative dans la lutte contre le changement climatique. Réduire radicalement la teneur en clinker du ciment est la voie de décarbonation la plus logique.
Le fondateur et directeur général d’Ecocem, Donal O’Riain, intervient lors d’une discussion sur la résolution des problèmes liés à l’environnement bâti, en mettant l’accent sur le carbone incorporé et opérationnel, à l’occasion du Breakthrough Energy Summit 2024.
Nous avons déjà les solutions.
Le problème est énorme, mais la bonne nouvelle est que la technologie existe aujourd’hui et peut offrir une réduction de 70 % de l’utilisation du clinker, et par conséquent des émissions de CO2. Notre technologie ACT peut faire cela de manière compétitive tout en répondant à toutes les exigences de performance du béton. Plus important encore, cette technologie peut le faire à l’échelle mondiale.
Nous devons agir rapidement et accélérer l’adoption de ces solutions. Le coût n’est pas un obstacle. Passer à la fabrication de ciment bas carbone en utilisant cette technologie ne nécessite aucun changement majeur dans l’infrastructure actuelle des usines et utilise les matières premières, l’énergie et l’eau, avec une bien plus grande efficacité.
Que faut-il maintenant pour que cela devienne une réalité pour le reste de l’industrie ?
La clé est de surmonter l’inertie de l’industrie. Changer un modèle économique profondément enraciné, économiquement viable, mais fortement polluant reste difficile. En tant qu’industrie, nous devons regarder différentes technologies. Le focus actuel que nous mettons sur une seule solution nous limite. Le ”captage et le stockage du carbone” serait au mieux une solution limitée pour des raisons économiques et environnementales : en étant toujours en développement, elle se positionne sur le plus long terme et soulève des questions clés quant à son business model.
L’industrie de la construction doit adopter les technologies de ciment bas carbone qui permettent aux entreprises de contrôler les coûts et de devenir plus compétitives.
Nous devons réinitialiser notre ambition – allons-nous relever le défi ?
Comme je l’ai souligné, l’industrie du ciment peut devenir le premier secteur industriel à respecter une trajectoire conforme à un réchauffement climatique de 1,5 °C. Nous pouvons réaliser une réduction de 50 % des émissions de carbone dans le monde d’ici 2030, atteindre une réduction de 100 % d’ici 2040, avec des émissions négatives après 2040.
Nous devons accélérer la décarbonation. C’est évident et urgent. L’industrie mondiale du ciment dispose maintenant de la technologie pour une réduction rapide et à faible coût des émissions de CO2. Nous devons saisir cette opportunité ! Chez Ecocem, nous continuerons à ouvrir la voie aux nouvelles technologies afin de décarboner le ciment avec détermination et enthousiasme.
Cet investissement s’ajoute à celui de 50 millions d’euros réalisé sur le site d’Ecocem à Dunkerque pour la livraison de sa première ligne de production d’ACT. Ces nouvelles installations industrielles seront concentrées dans les zones de Fos-sur-Mer et de Dunkerque.
Le climat n’attendra pas 2040 ! Il exige des résultats dès maintenant.
L’alerte lancée par les Nations Unies dans son rapport ONU Environnement est sans équivoque. Le secteur du bâtiment est loin de respecter les trajectoires nécessaires à la neutralité carbone. Pire encore, entre 2015 et 2023, ses émissions ont augmenté de 5,4 %, quand elles auraient dû baisser de près de 30 %. Nous sommes collectivement en échec. Et au cœur de cette impasse se trouve un matériau omniprésent, souvent invisible mais massivement carboné : le ciment.